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Gilad Atzmon : "La situation est désespérée pour les Israéliens" Propos

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Gilad Atzmon : "La situation est désespérée pour les Israéliens" Propos recueillis par Alimuddin Usmani le 11 juillet 2014 Twitter Facebook Pinterest Google Plus Linkedin email * Publié le : mercredi 16 juillet * Auteur(s) : Gilad Atzmon * Mots-clés : International; Israël; Judaïsme; Palestine; Sionisme * Commentaires : 26 * Source : silviacattori.net * 1 2 3 4 5 217 votes Alimuddin Usmani : Après « Plomb durci » en 2009 et « Pilier de défense » en 2012, l’armée israélienne s’est lancée en juillet 2014 dans l’opération « Bordure protectrice ». Quel est le but de ces opérations militaires de grande envergure ? Gilad Atzmon : Pour commencer, vous devez respecter le fait que les juifs aient attendu deux mille ans pour punir les goyim de façon collective. Plus sérieusement, il est important de noter qu’Israël n’a pas gagné une seule bataille depuis 1973. C’est vrai qu’il a tué beaucoup d’Arabes, mais il n’est parvenu à atteindre aucun de ses objectifs militaires. La domination militaire d’Israël a été maintenue par le pouvoir de dissuasion. La stratégie était de forcer les Arabes à éviter le conflit en leur faisant comprendre qu’ils auraient tout à y perdre. Cette semaine, nous avons constaté que cette duperie n’est plus en mesure de fonctionner. La résistance palestinienne est revenue à la vie. Israël ne peut pas résoudre ses problèmes par des moyens militaires. La situation est désespérée pour les Israéliens. Ils ont commencé à réaliser qu’ils sont coincés dans une impasse politique, idéologique et culturelle. Israël est incapable de faire apparaître une quelconque résolution. Il n’y a aucune perspective d’avenir pour l’État juif. Le mensonge flagrant de la gauche juive selon lequel l’occupation serait le problème a été mis à mal cette semaine par les images de citoyens arabes israéliens chassés par la foule juive. L’appel de l’extrême droite en faveur d’une expulsion de masse de tous les Arabes du territoire israélien devient de plus en plus populaire au sein d‘Israël. Cette « solution » brutale est parfaitement consistante avec l’idéologie et la culture suprémaciste juive. Après tout, les juifs, et j’inclus les sionistes comme les antisionistes, se complaisent à opérer dans un environnement exclusivement juif. Mais Israël peut-il se débarrasser des Palestiniens ? C’est exactement ce que les partis d’extrême droite au sein de la coalition gouvernementale promettent de faire. Pour revenir à votre question, étant donné que l’armée ne peut fournir les réponses et que les politiciens ne peuvent même pas produire l’esquisse d’une solution, l’armée est utilisée comme une brigade de pompiers. Elle apporte des victoires de courte durée. L’armée israélienne gagne du temps ; elle ne peut tenir sa promesse d’une victoire parce que les objectifs militaires ne peuvent même pas être articulés. Tsahal bombarde Gaza avec des missiles, tue tout ce qui peut être suspecté comme dangereux (un grand nombre d’enfants, de femmes et de personnes âgées). Mais alors que le temps passe, les options militaires se rétrécissent comme une peau de chagrin. Carl von Clausewitz, un théoricien militaire allemand, a suggéré au XIXe siècle que « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». Dans le cas d’Israël, c’est la vision politique qui fait défaut. Nous assistons à une idée inverse à celle de Clausewitz : la politique israélienne est la continuation du besoin juif en faveur d’un conflit. Gideon Levy, un journaliste de Haaretz, a écrit que les Israéliens ne veulent pas la paix et que « le rejet est ancré dans les croyances les plus primitives d’Israël. Le concept selon lequel cette terre est réservée aux juifs uniquement s’étale au niveau le plus profond. » Quelle est votre opinion à ce propos ? Je suis heureux de constater qu’un nombre croissant de personnes, y compris mes opposants les plus acharnés, sont maintenant en accord avec moi sur le fait qu’il y a quelque chose de profondément troublant dans la culture juive et dans la politique de l’identité. Haaretz a écrit un éditorial il y a quelques jours qui déclarait qu’Israël doit subir une révolution culturelle. Mon opposant palestinien le plus implacable, Ali Abunimah, qui m’avait dénoncé il y a peu pour avoir fait une focalisation sur la culture juive, semble avoir adopté ma philosophie. Il montre désormais du doigt le racisme morbide qui est inhérent à la culture et à la politique juive. Maintenant que j’ai fait mon propre éloge et vanté mes qualités prophétiques, laissez-moi répondre à la question. En hébreu, le mot shalom ne signifie pas « la paix, l’harmonie ou la réconciliation ». Ce mot veut dire « sécurité pour les juifs ». En d’autres mots, Israël ne possède pas de mot approprié pour la paix et la réconciliation. Il n’est pas surprenant qu’Israël ne soit pas un partenaire pour la paix. Il n’est même pas capable d’envisager un tel concept. Comme nous prenons conscience des conditions post-politiques dans lesquelles nous vivons, la philosophie et la pensée essentialiste sont semblables à des outils analytiques vitaux pour donner un sens au paysage humain qui nous entoure. Je vous prie de vous poser la question suivante : qui sont les ennemis les plus acharnés de la pensée essentialiste et philosophique au sein du monde universitaire et politique ? C’est manifestement la gauche juive, qui fait tout son possible pour nous empêcher de penser la judéité en termes catégoriques. Dans un article publié dans The Nation le 2 juillet dernier, Noam Chomsky a conseillé aux Palestiniens « d’éviter les illusions et les mythes, et de penser de manière prudente aux tactiques qu’ils utilisent ». Quelle est la stratégie choisie par Chomsky ? Dans mes récentes conversations, j’ai fait une distinction entre « l’intellectuel » et « le commissaire du peuple ». L’intellectuel produit une inspiration qui encourage les autres à penser de façon indépendante et authentique. Le commissaire du peuple, au contraire, fournit les réponses appropriées aux autres. Au lieu de nous guider vers la notion de « comment penser », le commissaire du peuple nous dit « ce qu’il faut penser ». Ce mode d’instruction est une description adéquate du discours de gauche et de la prétendue intelligentsia juive. Il existe dans le but de prescrire les limites de la conformité dans le cadre d’un rituel fantasmatique d’une dissidence imaginaire. Noam Chomsky est l’emblème actuel de cette forme embarrassante de pensée anti-intellectuelle. En plus d’être ennuyeux, ce qui en soi est un crime contre l’humanité, Chomsky a tendance à être très sélectif dans le choix des données qui correspondent à son récit, sa théorie ou l’argument qu’il tend à favoriser. Il prend bien soin d’éliminer consciencieusement les faits les plus pertinents. Le fait que Chomsky soit parvenu à faire diversion avec de telles tactiques n’échappe pas à la honte. C’est cependant symptomatique du discours « conformiste » dont il est le défenseur. Dans son célèbre article écrit en 1843, Sur la Question juive, Karl Marx suggère que pour que le monde soit émancipé, il doit s’affranchir des juifs et du judaïsme. Adoptant une ligne similaire, je crois fermement que pour que l’Occident et la dissidence soient libérés, ils doivent s’affranchir de la culture du « commissaire du peuple » et de la tyrannie de la conformité. Nous devons rétablir notre aptitude à « dire ce que nous pensons » au lieu de « penser avant dire ». Je ne veux pas que les « Chomskys » de ce monde ordonnent aux Palestiniens ou à quiconque de « penser de façon prudente ». J’espère également que Chomsky lui-même puisse apprendre à ne pas penser prudemment, mais au lieu de ça parvienne à adopter une pensée éthique qui se placerait au-dessus de son approche légaliste talmudique. Nous, le reste de l’humanité, devons apprendre à nourrir l’esprit de la vraie résistance, notamment l’enthousiasme pour le sacrifice. C’est exactement ce que la gauche juive est parvenue à supprimer depuis si longtemps. Au lieu de créer un changement réel, nous nous sommes prêtés au discours d’activisme imaginaire et soumis aux effets corrosifs de ses fondateurs, de Wall Street et des gens comme George Soros et son Open Society Institute. Dominique Vidal, un journaliste français, a écrit un article au titre étrange, « Les protocoles de Gilad Atzmon », probablement une référence aux Protocoles des Sages de Sion. L’article est essentiellement composé de citations de votre livre Quel Juif errant ?. Dominique Vidal admet qu’il refuse de débattre de vos idées. Est-ce tout simplement parce qu’il est incapable de répondre à celles-ci ? Visiblement, c’est le cas. Je n’ai pas encore rencontré un seul « juif de gauche » qui a eu assez de cran pour se frotter à moi en public ou en face à face. Pour autant que je me souvienne, le professeur Norton Mezvinsky a été le seul intellectuel juif qui est apparu avec moi sur scène. De mon point de vue au moins, c’était une expérience instructive. J’étais surpris de découvrir que le professeur Marc Ellis, que beaucoup au sein de la gauche juive considèrent comme un éminent théologien juif, a dédié une grande partie du dernier chapitre de son plus récent livre à mon travail en concluant que je suis un prophète biblique juif contemporain. Bien sûr, je ne suis pas un prophète juif ou autre ; je dis tout simplement ce que je pense sur Israël et sur les affaires juives, quelque chose avec laquelle la diaspora juive ne semble pas être familière. Sur la seule base de ce fait, sur l’idée que je rejette la conformité, je représente un grand danger pour la gauche juive. Malgré le fait que l’approche de Marc Ellis puisse suggérer un changement d’attitude et une introspection au sein du minuscule univers du progressisme juif, Dominique Vidal est symptomatique de tout ce qui est pourri à l’intérieur de la gauche juive : l’exclusivisme racial, la réticence au débat et à l’échange, une introspection nulle et une absence totale d’intégrité intellectuelle. Les critiques envers le Talmud sont répandues, en particulier sur Internet. L’Anti-Defamation League (« Ligue anti-diffamation » fondée par le B’Nai B’rith) a publié un rapport en 2003 qui explique que les critiques du Talmud utilisent des citations tronquées dans le but de déformer son sens. Que répondez-vous à l’ADL ? L’argument de l’ADL est simplement la projection d’une tactique juive courante ; ce sont en réalité les juifs et les Israéliens qui traduisent faussement et citent hors du contexte, comme le fait Dominique Vidal. Tout ceci dans le but de détourner l’attention des problèmes inhérents à la culture juive, à l’État juif et au Talmud. L’article de l’ADL illustre cette méthode. Au lieu de s’adresser directement aux accusations, elle montre simplement que le Talmud inclut également des prédications éthiques. Cependant, je ne vois pas le Talmud comme le cœur du problème. Mon analyse de l’histoire juive révèle que ce ne sont pas les juifs rabbiniques et les disciples du Talmud qui ont commis des crimes génocidaires. Ce sont les juifs bolchéviques qui étaient les « bourreaux volontaires de Staline », ainsi que le démontre Yuri Slezkine dans son livre phénoménal Le Siècle juif. Ce sont les révolutionnaires juifs qui ont brûlé vifs et assassiné les chrétiens au nom du « prolétariat mondial », tout en combattant au sein de la brigade internationale de langue yiddish (guerre civile espagnole de 1936). Ce sont les sionistes de gauche qui ont expulsé les Palestiniens en 1948 dans ce qu’on appelle « la Nakba ». Je pense que nous avons assez de preuves pour suggérer que le siècle dernier était un « siècle de Nakbas ». Ces juifs progressistes ne suivaient pas le Talmud ; au contraire, ils se revendiquaient comme des antireligieux, des athées, ou issus de la classe ouvrière. Quelqu’un m’a récemment mentionné que, pour une raison particulière, ces juifs athéistes révolutionnaires brûlaient toujours des églises et jamais des synagogues. Est-ce une coïncidence ? Il y a plusieurs années, j’ai rencontré Juliano Mer-Khamis, réalisateur, acteur et activiste politique israélo-palestinien qui a été assassiné à Jénine en 2011. Il m’a donné l’impression d’une personne profondément humaine. Comment évaluez-vous son travail, en particulier le « Théâtre de la Liberté » qu’il avait mis en place ? C’était un héros. Juliano Mer-Khamis a toujours exprimé le fond de sa pensée et il a payé le prix ultime pour cela. Je vais chérir sa mémoire pour le reste de ma vie.


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