trouvé dans Sven Lindqvist “Maintenant tu es mort ou Le Siècle des bombes » 1999, trad. franc. 2002 page 66
Il nous parle d'un des livres de science-fiction dont se régalaient les occidentaux (un autre de ces romans laisse également rêveur ) au début du siècle :
L’un des derniers récits de Jack London s’intitule The unparalleled invasion (1910) Vers 1970, le
« monde » (la « communauté internationale » quoi !) découvre avec effroi que la Chine est peuplée de plus de cinq cent
millions (sic!) de chinois « Cette monstrueuse marée a
déjà submergé l’Indochine et se presse maintenant vers la frontière nord de l’Inde. Rien ne semble pouvoir arrêter ce déferlement humain. (et le déferlement humain de l’Europe ? commencé au XVIè siècle par le Génocide de 80 millions
d’amérindiens et qui du temps de London battait son plein ?)
Cependant un chercheur américain du nom de Jacobus Laningdale une idée novatrice. Un jour de septembre,
alors que les rues de Pékin sont, comme d’habitude, pleines de « chinois qui jacassent », on aperçoit dans le ciel un minuscule point noir qui grandit et s’avère être un avion. Il lâche
quelques fragiles tubes de verre qui s’écrasent simplement dans les rues et sur les toits, sans provoquer d’explosions. Mais six semaines plus tard, les onze millions de pékinois sont morts.
Personne n’a échappé aux effets conjugés de la variole, de la fièvre jaune, du choléra et de la peste bubonique. Ce sont ces bactéries qui ont été déversées en pluie sur
Pékin.
Les chinois essaient de sauver leur vie en quittant le pays, mais à la frontière, les millions de fugitifs se heurtent
aux armées de l’Occident. Ce qui donne lieu à un massacre épouvantable. Et, régulièrement, les troupes sont obligées de reculer de quelques dizaines de kilomètres pour ne pas être contaminées par
les immondes tas de cadavres.
Pour ces millions d’hommes qui ont perdu toute organisation et tout dynamisme, il n’y a plus aucun espoir. Ils n’ont plus d’autres issue que la mort. Et pendant que les engins de guerre gardent
les masses encerclées, la peste achève son œuvre. La Chine est devenue l’enfer sur terre. Des centaines de millions de morts gisent sans sépulture. Le cannibalisme, le meurtre et la folie règnent
en maître.
Les expéditions envoyées en février de l’année suivante ne trouvent que des meutes de chiens sauvages et des groupent isolés de bandits errants. Tous les survivants sont immédiatement liquidés.
Le sol est désinfecté, et de nouveaux habitants s’installent (sans état d’âme; au fait les colons allemands amenés par Hitler en Pologne en avait-ils ?
en tout cas les habitants actuels de la « Prairie » U.S. ou ceux des quartiers bâtis sur les villages
palestiniens rasés n’en ont pas) venus du monde entier (sic). Une ère nouvelle commence, faite de paix et de progrès, d’art et de
science.
(NB le texte complet de cette nouvelle de Jack London peut se lire dans plusieurs sites sur internet, mais malheureusement le livre de Sven
Lindqvist il faut l'acheter, ça vaut le coup il est capital)
Un article sur tous ces romans de l'époque http://www.depauw.edu/sfs/clarkeess.htm
maintenant ce n’est plus du roman, mais des réalités; pas mal non plus les réalités :
page 251 du même livre
Au Kenya, ce sont quarante mille Blancs qui règnent sur plus de cinq millions de Noirs. Le pouvoir suprème se trouve au ministère des colonies, à Londres.
Vers la fin du XIXè siècle, la première vague d’immigration britannique a « heureusement » coincidé avec une épidémie de variole qui a décimé la population noire au point de l’anéantir
presque complètement dans certaines régions. Le pays paraissait « inhabité ». Les opposants ont été tués, et leurs villages brulés. Comme tant d’autres colonisateurs
contemporains, le gouverneur britannique Sir Charles Eliot considérait que les indigènes étaient en voie d’extinction. « il ne fait aucun doute que les Masaï et bien
d’autres tribus vont disparaître. C’est une perspective que j’envisage avec sérénité et bonne conscience. »
Après la Première Guerre mondiale, une nouvelle vague d’immigration est arrivée – des milliers d’officiers britanniques démobilisés sont venus d’Europe, et, coup de chance, ont apporté avec eux
une épidémie de grippe qui a tué plus de cent mille Kikuyu. Cinq millions d’arpents de terre ont pu être confisqués et mis à la disposition des Britanniques. Les noirs sont devenus les ouvriers
agricoles sans terre, sur les terres qui avaient appartenu à leur ancêtres.
La suite :
La révolte des Mau-Mau (1952-1960)
Tout au long des années cinquante, les Britanniques sont arrivés à convaincre l’opinion mondiale qu’ils se battaient non contre des rebelles dépossédés de leurs terres et de tout droit à une
justice quelconque, mais contre des « assasins bestiaux », des indigènes primitifs rendus fous par des drogues, des rituels et des orgies sexuelles, qui décapitaient les femmes et les
enfants blancs.
En réalité, pendant toute la guerre, quatre-vingt-quinze blancs seulement ont été tués, dont trente-deux civils. Pendant la même période, dans la seule ville de nairobi, on compte plus de blancs
tués dans des acciedents de circulation.
D’après leurs propres sources, les « forces de sécurité » britanniques ont tué onze mille cinq cent Mau-Mau. Le nombre de victimes civiles n’a jamais été rapporté.